Lorsque j’ai ouvert ce blog, « E.T. d’Orion », un des tout premiers billets à s’y glisser fut inspiré par un premier croissant de Lune marquant le début d’un nouveau cycle lunaire. (Tiens, c’est drôle, je m’aperçois en recherchant ce lien que c’était il y a sept mois, jour pour jour : les assidus savent que j’aime bien le nombre 7 ! 😉 : voyez ici…).
Pas de Nouvelle Lune, cette fois, mais un Nouveau Soleil ! Le voici :
Certains l’ignorent, mais notre Soleil connaît lui aussi des cycles. Il y a le cycle des saisons, bien sûr, mais celui-ci concerne en réalité la Terre, dans son mouvement quasi circulaire autour de notre étoile. Non, je parle ici de cycles du Soleil lui-même – entendez par là des cycles d’activité magnétique. Il y aurait évidemment beaucoup à dire sur cette activité, mais indiquons simplement que le mouvement des charges électriques dans les multiples remous de la matière solaire conduit à l’apparition de champ magnétique organisé en structures plus ou moins stables, un peu comme des aimants qui flotteraient à la surface du Soleil et dériveraient lentement. Ces structures magnétiques apparaissent visuellement (enfin, quand on atténue la luminosité pour ne pas être aveuglé !) comme des tâches sombres sur le disque solaire, que les astronomes connaissent depuis plus de trois siècles et auxquelles ils ont donné le nom de… tâches solaires ! (Inventif, n’est-ce pas ? ;-))
Toujours est-il que ces tâches solaires vont et viennent à la surface du Soleil, au gré de l’activité magnétique qui les génère. Mais ainsi que s’en sont aperçus très tôt les astronomes, leur nombre varie de manière étonnamment régulière. En fait, il s’avère que l’activité magnétique du Soleil se manifeste de manière cyclique : le nombre moyen de tâches solaires augmente, puis diminue, puis augmente à nouveau, et ainsi de suite, suivant un cycle de 11 ans. Pourquoi 11 ans ? Euh… bah… c’est comme ça. Demandez donc au Soleil ! En tout cas, ce cycle est vraiment remarquable, et même s’il arrive que les pics d’activité (tous les 11 ans, donc) soient plus ou moins prononcés, suivant les décennies, ils sont toujours au rendez-vous !
À cette activité magnétique est également associée l’éjection, par le Soleil, de particules de haute énergie, qui forment ce qu’on appelle le vent solaire, dans lequel tout le système solaire est baigné, à commencer par la Terre ! Parfois, surtout en période de forte activité magnétique, le vent tourne à la tempête, et le Soleil émet d’intenses bouffées de particules énergétiques, porteuses d’une charge électrique. Ces particules, captées par le champ magnétique de la Terre, sont guidées le long des lignes de champ vers les pôles, où elles pénètrent dans l’atmosphère à grande vitesse, ionisant l’air sur leur passage, et donnant lieu dans leur sillage à l’émission d’une lumière dite « de fluorescence » que les habitants des latitudes circumpolaires connaissent bien : il s’agit des fameuses aurores polaires (australes ou boréales, suivant l’hémisphère).
Pourquoi parler aujourd’hui du cycle solaire ? Parce que nous venons tout juste d’en débuter un nouveau !
Si nous le savons, c’est parce que le satellite SOHO (dédié à l’observation du Soleil, sous maints aspects passionnants) vient d’observer… une tâche solaire inversée ! En fait, on sait aujourd’hui que le cycle solaire de 11 ans coïncide avec un renversement de l’orientation globale du champ magnétique du Soleil. Comme si, sur Terre, les boussoles indiquaient le Nord pendant 5 ans et demi, puis le Sud pendant les 5 ans et demi suivants, et ainsi de suite. On a vu que la structure magnétique des tâches solaires était comme un petit aimant. Or chacun ayant déjà joué avec des aimants sait que ceux-ci ont toujours un pôle « Nord » et un pôle « Sud » : deux « Nord » ou deux « Sud » se repoussent – un « Nord » et un « Sud » s’attirent ! Il en est de même pour les tâches solaires : elles ont une polarité, et cette polarité s’inverse d’un cycle à l’autre.
Les observateurs du Soleil savaient que nous étions actuellement dans une période de faible activité, puisque le nombre de tâches solaires est très réduit, et que, compte tenu du tempo des cycles précédents, on ne devait pas être loin de la reprise d’activité. Mais on ne sait jamais exactement quand cela va se produire, car le nombre de tâches est toujours fluctuant, et la durée des cycles elle-même n’est pas toujours d’une rigueur absolue. Mais la photo ci-dessous est un signe qui ne trompe pas :
La première tâche solaire à polarité inversée ! Voyez comme, à la différence des autres, la petite tâche de droite (tout de même grande comme la Terre, compte tenu de l’échelle !) a sa partie « blanche » (correspondant au « Nord » sur cette « carte magnétique ») à droite de sa partie « noire » (ou « Sud »)… C’est la première fois que l’on voit ça depuis la fin du cycle précédent !
Alors voilà, ça y est, le cycle 24 (enfin, depuis qu’on les compte !) a commencé !
Comme je l’évoquais dans le billet sur la Nouvelle Lune , les débuts sont toujours émouvants. Mais ils peuvent aussi être inquiétants ! Que nous réserve le cycle à venir ?
C’est à voir… Mais les spécialistes du Soleil prévoient une activité particulièrement intense cette fois-ci, sans doute presque aussi intense que lors du « terrible » maximum de 1958, voire davantage. Je dis « terrible », mais bien sûr la violence de l’activité solaire cette année-là est passée largement inaperçue – quoique pas tout à fait : il y a quand même eu trois aurores boréales parfaitement visibles à Mexico lors de ce « maximum solaire » ! (Oui, oui, le Mexico du Mexique, donc particulièrement loin des pôles – pour une tempête solaire, ce fut une tempête solaire !) Mais pour le reste, pas trop de dégâts. Il faut dire que l’ère spatiale avait à peine commencé : c’était un an seulement après Spoutnik ! Pour le prochain maximum, ce sera très différent. Les spécialistes de l’espace sont de plus en plus conscients des risques que font courir les éruptions solaires géantes à l’électronique embarquée à bord des satellites, et par voie de conséquence aux systèmes – de plus en plus nombreux – qui dépendent de ces satellites. Notre humanité est devenue dépendante de ses communications et outils de surveillances, et en cas de panne ou d’attaque généralisée, bien sûr, on s’aperçoit que cette dépendance est aussi une grande vulnérabilité. D’où la multiplication des programmes de météo spatiale, pour guetter les éruptions solaires les plus dangereuses et permettre aux instruments sensibles de se mettre en veille un peu avant l’arrivée des particules énergétiques, pour minimiser, si possible, les dégâts potentiels (mais au prix d’un arrêt des opérations !)…
Au fait, le prochain maximum d’activité solaire, ce sera quand ?
Eh bien, c’est facile ! Le cycle dure environ 11 ans. Nous venons juste de passer le minimum (qui correspond à une inversion de polarité), il y a quelques jours, donc le maximum arrivera dans environ 5 ans et demi, c’est-à-dire en principe vers le début de l’année 2012 !
Bon, alors là, je vous le dis tout de suite : si vous êtes de ceux qui redoutent les tempêtes magnétiques, vous feriez mieux de ne pas taper dans Google les simples mots « 2012 catastrophes ». Non, non, vraiment, ce n’est pas conseillé ! À moins que vous ne soyez par ailleurs férus d’occultisme, auquel cas vous apprendrez sans doute un certain nombre de choses intéressantes. Il s’avère que de nombreux sites Internet font état, avec plus ou moins de bonheur, de sérieux et d’érudition, de prédictions diverses de grands bouleversements pour 2012. Dans la plupart des cas, la cause des problèmes mentionnés pour 2012 se rattache, d’une manière ou d’une autre, au cosmos. Et il semble y avoir toute une tradition – qui ne date vraiment pas d’hier, ni de la découverte des tâches solaires ! – qui annonce des « événements » cosmiques pour 2012. À titre d’exemple, ce serait l’année repérée il y a bien longtemps comme devant être la dernière dans le calendrier Maya ! Si vous voulez vous initier, parcourez donc le web… 😉 Et si vous lisez l’anglais, vous pouvez commencer par ce site dont le nom de domaine a lui seul est tout un programme : http://www.howtosurvive2012.com/! Il me faut enfin préciser que de très bonnes choses sont également attendues, parallèlement à ces désastres – sur un mode apocalyptique, donc, puisqu’il convient de rappeler qu’apocalypse ne veut rien dire d’autre, en grec, que « révélation » : peut-être la venue d’un Homme Nouveau ?
Alors, bonne chance pour 2012 !
En attendant, avec ou sans le secours de l’activité solaire, les années à venir s’annoncent particulièrement difficile, d’un point de vue strictement terrano-terrien. Ahmadinejad par ci, Kim Jong-il par là, dictatures sauvages et populismes délirants, Chavez en embuscade, guerrillas sanglantes, exterminations, quart-monde à l’agonie, tissu social irraccommodable dans de nombreux pays occidentaux, incommunicabilité généralisée, perte des repères culturels et humains, pénurie énergétique mondiale, guerres de l’eau inévitables, réchauffement climatique, prolifération nucléaire, fléaux chimiques ou bactériologiques… on ne sait pas dans quel ordre mentionner ces problèmes – sans parler de les résoudre ! –, mais on ne peut pas dire que l’avenir soit spécialement radieux, du moins pour le court terme et pour la majorité d’entre les hominidés terriens.
Désolé, mais c’est ainsi.
Il serait peut-être temps de se réveiller, non ? On dit qu’il faut parfois toucher le fond pour rebondir. Du point de vue de son activité magnétique, le Soleil vient juste de le faire. Et si nous saisissions l’occasion pour nous-mêmes, pour l’espèce et pour la planète ? Il est des trains ou des navires qu’il s’agit vraiment de ne pas manquer. Celui-ci ma paraît décisif. Alors, hissons les voiles : le vent solaire vient de se lever, et il ne va cesser de s’amplifier dans les années qui viennent ! Gare au chavirement ! Mais si nous avons appris à naviguer, qui sait jusqu’où ce vent pourra nous porter ?
Bon vent solaire, moussaillons ! Et rendez-vous en 2012 ! 😉
ET