Europe : Terre d’élection !
Non, non, pas une élection politique – quoique ce soit de saison…
Je parle d’Europe, la fameuse lune de Jupiter, qui pourrait bien être une terre d’élection pour la vie !
N’est-il pas beau, ce ventre rond gonflé d’espérances secrètes ?
Sous ces veines entralacées, brunes d’une substance à découvrir, qui sait si la vie ne s’est pas déployée ?
Car cela ne fait plus guère de doute : sous la surface gelée du satellite jovien (le quatrième par la taille), presque aussi volumineux que notre blonde Lune, se cache un vaste océan d’eau liquide.
Ces étonnantes craquelures, ces fines lignes enchevêtrées faisant alterner crêtes et vaux en un réseau superposé à faire rêver les urbanistes des plus grandes mégalopoles terriennes, demeurent largement mystérieuses. N’étaient leurs dimensions pharaoniques (le fragment ci-dessus couvre quelques centaines de kilomètres carrés), on pourrait presque y reconnaître l’image d’un tissu vivant observé au microscope, ou le flux désordonné de globules rouges entraînés au creux de quelque artère énigmatique.
Europe retient à sa surface une très fine atmosphère, et l’on a pu y mesurer quelques traces d’oxygène. Mais même en rassemblant tout cet oxygène sous un seul dome hémisphérique, il y aurait à peine de quoi couvrir quelques pâtés de maisons ! Et la lumière solaire, pourvoyeuse d’énergie pour la vie sur Terre, est extrêmement ténue sur Europe, le Soleil en étant 5 fois plus éloigné que de la Terre…
C’est plutôt l’océan vibrant sous la glace, comme au sein d’un ventre tendu, qui suscite l’espoir et l’intérêt des exobiologistes. Les estimations montrent qu’il contient plus d’eau que l’ensemble des océans de la Terre ! S’il peut se maintenir à l’état liquide, si loin du Soleil, c’est qu’il y a des sources de chaleur internes. Une telle source pourrait être la radioactivité, comme au cœur de la Terre. Mais à tout le moins, il y a la friction occasionnée par les forces de marées exercées sur Europe par Jupiter – friction qui devrait produire un échauffement suffisant.
De l’eau, de la chaleur… et quelques germes de vie venus de l’espace ?
Cela pourrait être suffisant pour développer et entretenir certaines formes de vie.
Je me suis souvent interrogé sur les raisons de la prudence dévote du discours scientifique en la matière. Chacun reconnaît que la présence de formes de vie primitives dans des environnements de ce type est possible – et même suffisamment crédible pour nourrir des recherches de plus en plus approfondies –, mais tout se passe comme si l’éventualité d’une vie intelligente n’était jamais envisagée. Pourquoi ?
À partir du moment où il y a de la vie, et où les conditions permettent son maintien et donc son développement pendant des centaines de millions d’années, voire des milliards d’années, pourquoi ne serait-il pas envisageable qu’un écosystème local soit autre chose que “rudimentaire” ou “primitif” et que cet écosystème ait fait émerger des processus cognitifs plus complexes que ceux mis en œuvre à l’échelle bactérienne ?
Je parle de conditions permettant le maintien de la vie, et donc son développement, car c’est une des caractéristiques de la vie de se maintenir en évoluant. Dans un environnement où les conditions physico-chimiques se modifient sans cesse, sur des échelles de temps diverses, il n’y a pas de survie possible sans évolution, sans adaptation, et même sans évolution des capacités d’adaptation. Si l’on peut admettre la possibilité d’une vie sur Europe ou ailleurs, il ne me semble pas qu’on puisse rejeter celle d’une vie intelligente et, partant, pourquoi pas, de sociétés entières !
C’est étonnant comme le rêve et l’incertitude peuvent faire peur. Une extrapolation n’est certes qu’une extrapolation, mais si l’on sait qu’on extrapole, quel danger peut-il y avoir à le faire ?
“Qui sait ?” semble être une question difficile à assumer, peut-être parce qu’elle implique l’aveu d’un “je ne sais pas”…
Il me semble qu’une conséquence désastreuse du développement scientifique au cours des derniers siècles a été ce qu’on pourrait appeler “la répudiation du mystère”. On s’est d’abord convaincu qu’on savait tout, ou qu’on pourrait tout savoir si on s’en donnait le temps et la peine, et puis, lorsqu’on a découvert qu’on ne savait pratiquement rien, car les fondements mêmes de notre langage à propos du monde (ceux de la physique classique et des mathématiques) se sont trouvés pris en défaut de manière radicale, il y a environ un siècle, on s’est pratiquement interdit de parler, et finalement de penser toute réalité mystérieuse.
Mais je m’éloigne d’Europe et de sa matrice enluminée…
Un jour, lorsque le Soleil en fin de vie grossira jusqu’à englober le rayon terrestre, la chaleur accrue fera fondre les glaces d’Europe, libérant l’océan et peut-être, si elle a pu se développer et se maintenir, une forme de vie inconnue !
Mais ce ne devrait pas être avant… quelques milliards d’années !
En attendant… c’est beau la Terre ! (cf. post précédent 😉 )
Et tous ceux qui sont fascinés par les promesses de vie exoplanétaires, combien ne devraient-il pas l’être davantage par la splendeur explicite de la vie terrestre, à la réalité indubitable, riche et accueillante, inventive et harmonieuse, resplendissante et joyeuse, hymne pur à la beauté et source d’émerveillement permanent !
ET
PS: un oeil… sur orbite ?
Lorsqu’on considère les possibilités de vie “intelligente” (quel est le critère?) sur quelqu’autre région de l’univers, il suffit de mobiliser certaines connaissances, faire quelques considérations probabilistes et, en effet, on se dit: “Pourquoi pas?”
La vrai extrapolation commence lorsqu’on imagine que l’on va trouver cette vie (ou qu’ils vont nous trouver…).
Oui. Sauf si on cherche délibérément à s’envoyer des messages. Les humains le font, en envoyant des messages divers sous des formes diverses… à qui veut bien les recevoir dans la Galaxie.
(cf. http://www.astrosurf.com/luxorion/seti-messages.htm)
Mais il est sans doute naïf d’envisager la vie uniquement sous l’aspect corporel et cognitif qui nous est familier.
Si nous savions définir la vie, et même la conscience, de façon juste, peut-être trouverions-nous leur présence dans des contextes inattendus, et à l’inverse, leur absence en des lieux familiers 😉
Bonjour ET
je passe vous remercier pour votre blog sur lequel je suis tombée par “hasard” (en faisant des recherche sur l’astrologie :)) il y a quelques mois, je suis depuis impatiente de lire vos articles et votre prose…
j’aimerais vous suggérer d’indiquer le nom de vos articles dans le menu… pour que l’on puisse retrouver plus facilement nos favoris 😉
Je vous remercie encore d’avoir eu la bonne idée de partager vos pensées, vos aventures, vos coups de coeur et vos coups de gueule ainsi que vos délicieux poèmes avec nous…